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Le rôle de la finance mixte dans la mobilisation des investissements privés pour l’agriculture




Introduction


L’agriculture reste un pilier fondamental du développement économique, en particulier en Afrique, où elle emploie plus de 60 % de la population et contribue de manière significative au PIB. Cependant, le secteur fait face à des contraintes financières persistantes, car les petits exploitants agricoles, les entreprises agroalimentaires et les institutions financières peinent à accéder à des capitaux à grande échelle. Le secteur agroalimentaire est souvent perçu comme à haut risqueen raison de la volatilité des prix, des conditions climatiques imprévisibles et du manque de garanties des emprunteurs. Ces défis sont encore aggravés par des coûts de transaction élevés associés aux petits prêts et par des marges généralement faibles au sein des chaînes de valeur agricoles.

Pour combler le déficit de financement et attirer des capitaux privés dans le secteur, les solutions de finance mixte se sont imposées comme un outil puissant. En combinant des investissements publics et privés, ces mécanismes permettent de réduire les risques liés aux investissements agricoles et de créer des opportunités pour une croissance agricole durable.


Comprendre la finance mixte dans l’agriculture


La finance mixte désigne l’utilisation stratégique de capitaux concessionnels issus de sources publiques ou philanthropiques pour attirer des investissements privés.


Dans le contexte agricole, cela signifie mobiliser des financements publics et des instruments de réduction des risques pour rendre les investissements dans les systèmes agroalimentaires plus attractifs pour les prêteurs commerciaux et les investisseurs institutionnels.


Les structures de finance mixte incluent généralement :

  • Capital de première perte : Capital public absorbant les premières pertes pour réduire l’exposition au risque des investisseurs privés.

  • Garanties et assurances : Mécanismes protégeant les investisseurs contre les risques imprévus, tels que les chocs climatiques ou les fluctuations des prix.

  • Programmes d’assistance technique : Soutien aux entreprises agroalimentaires pour renforcer leur gestion financière et leurs pratiques durables afin d’améliorer leur solvabilité et leur viabilité à long terme.

Ces instruments créent un profil risque-rendement aligné sur les attentes des investisseurs privés, augmentant ainsi les flux de capitaux vers l’agriculture.


Étude de cas : AATIF – Un modèle de finance mixte pour l’investissement agricole


Un exemple marquant de finance mixte est le Fonds d’Investissement pour l’Agriculture et le Commerce en Afrique (AATIF). L’Union Européenne a investi 30 millions d’euros en capital de première perte dans ce fonds, géré par Cygnum Capital et initié par la KfW pour le compte du Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ).

AATIF accorde des prêts à :

  • Des institutions financières locales engagées dans le financement agricole,

  • Des entreprises agroalimentaires cherchant à étendre leurs activités,

  • Des petites et moyennes entreprises (PME) impliquées dans les chaînes de valeur agroalimentaires.

En absorbant les premières pertes, AATIF réduit les risques pour les investisseurs privés, rendant ainsi le secteur plus attractif. Le fonds intègre également des programmes d’assistance technique pour aider les entreprises agricoles et les institutions financières à renforcer leurs opérations et à mieux gérer les risques.

L’impact d’AATIF va au-delà des rendements financiers :

  • Amélioration de la sécurité alimentaire grâce à une productivité accrue et une meilleure efficacité.

  • Création d’emplois en soutenant les PME et les entreprises agroalimentaires.

  • Réduction de la pauvreté en facilitant les opportunités génératrices de revenus pour les petits exploitants agricoles et les entrepreneurs.


Comment la finance mixte mobilise les investissements privés pour l’agriculture


Les mécanismes de finance mixte favorisent la mobilisation des investissements privés dans l’agriculture de plusieurs manières :


1. Réduction des risques liés aux investissements agricoles


L’un des principaux obstacles à l’investissement privé dans l’agriculture est la perception du risque. Les garanties publiques, le capital de première perte et les financements concessionnels permettent de réduire ces risques et d’attirer les investisseurs commerciaux. Des initiatives comme AATIF et l’outil de financement EFSD+ illustrent comment des mécanismes structurés de partage des risques peuvent catalyser l’investissement privé.


2. Amélioration des rendements pour les investisseurs


Les structures de finance mixte permettent d’améliorer les rendements pour les investisseurs privés en garantissant que le capital public absorbe une partie des pertes potentielles. Ce modèle crée un profil risque-rendement plus attractif, incitant les investisseurs institutionnels, les banques et les fonds de capital-investissement à allouer des capitaux aux entreprises agroalimentaires.


3. Renforcement des chaînes de valeur agricoles


Les instruments de finance mixte fournissent des financements essentiels pour les infrastructures, la logistique et les unités de transformation qui améliorent les chaînes de valeur agricoles. Cela permet :

  • Un meilleur accès au marché pour les petits producteurs agricoles,

  • Une réduction des pertes après récolte,

  • Une amélioration de l’efficacité et de la compétitivité.


4. Promotion d’une agriculture durable et résiliente face au climat



Le risque climatique reste un défi majeur pour le secteur agricole. La finance mixte permet d’investir à long terme dans l’agriculture intelligente face au climat, les infrastructures d’irrigation et les assurances indexées sur les conditions météorologiques. Ces initiatives améliorent la résilience face aux chocs climatiques tout en maintenant une productivité durable.



Défis et opportunités pour l’extension de la finance mixte



Bien que la finance mixte ait prouvé son efficacité, son déploiement à grande échelle reste un défi. Parmi les principales contraintes, on note :



  • Complexité des structures financières : La coordination des investissements publics et privés nécessite une expertise et des cadres de gouvernance transparents.


  • Besoin de politiques publiques adaptées : Les gouvernements doivent mettre en place un environnement réglementaire favorable et offrir des incitations financières aux entreprises agroalimentaires.


  • Participation limitée des institutions financières locales : De nombreuses banques africaines manquent de capacité ou d’appétence pour le financement agricole, soulignant la nécessité de renforcer leurs compétences.

Cependant, les tendances émergentes offrent de nouvelles opportunités pour la finance mixte en agriculture :

  • L’initiative Global Gateway et l’outil de financement EFSD+ devraient débloquer des investissements supplémentaires dans divers segments des chaînes de valeur agroalimentaires.


  • L’essor des solutions financières numériques (ex. : prêts mobiles et contrats basés sur la blockchain) élargit l’accès au capital pour les petits exploitants agricoles.


  • L’intérêt croissant des investisseurs à impact et des fonds axés sur les critères ESG crée de nouvelles sources de capital alignées sur le développement agricole durable.


Conclusion : Un appel à l’investissement accru dans la finance mixte


La finance mixte s’impose comme une solution transformative pour mobiliser des investissements privés dans l’agriculture. En atténuant les risques et en améliorant les rendements, elle permet une participation accrue du secteur privé à une industrie essentielle pour la sécurité alimentaire, la croissance économique et la résilience climatique.



Le succès d’initiatives comme AATIF illustre le potentiel des partenariats stratégiques public-privé pour débloquer des financements durables pour l’agriculture. Pour accélérer cette dynamique, les parties prenantes – gouvernements, institutions de financement du développement et investisseurs privés – doivent étendre l’utilisation des instruments de finance mixte et explorer de nouveaux modèles de financement.


Avec les bons investissements, le secteur agroalimentaire africain peut devenir un moteur puissant de prospérité économique et de durabilité. Il est temps pour les investisseurs de saisir cette opportunité et de contribuer à la transformation de l’agriculture mondiale.


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