Lever des fonds pour son projet AgriTech en Afrique.
- 8 déc. 2024
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 août

Le secteur AgriTech en Afrique connaît un investissement croissant, bien qu'il reste relativement modeste comparé à d'autres secteurs technologiques. En 2023, 131 entreprises AgriTech ont levé 215 millions de dollars à travers 158 transactions, un montant similaire à celui de l'année précédente. Cependant, il est intéressant de noter que ce secteur représente environ 25 % des investissements dans le domaine numérique et technologique sur le continent.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il nous apparait important de clarifier le terme "AgriTech" à nos lecteurs (trices).

"Le terme AgriTech est une contraction de "Agricultural Technology" (technologie agricole). Il désigne l'ensemble des innovations technologiques utilisées pour améliorer les pratiques agricoles. Cela inclut :
Les outils numériques, comme les applications mobiles qui aident les agriculteurs à accéder aux informations sur les cultures et les marchés.
Les équipements physiques, tels que les drones pour surveiller les champs ou les machines de récolte automatisées.
Les plateformes de financement, permettant aux petits exploitants d’obtenir des crédits adaptés à leurs besoins.
L’AgriTech vise à rendre l’agriculture plus efficace, durable et rentable, notamment pour les petits producteurs souvent marginalisés dans les chaînes de valeur."
Alors maintenant que se passe t-il avec l'Agritech en Afrique ?
L'AgriTech en Afrique est à un tournant critique, marqué par des évolutions significatives dans les préférences des investisseurs, la nature des financements, et les priorités des entreprises. Cette transformation n'est pas seulement le reflet des tendances économiques globales, mais également de l'évolution des besoins des petits exploitants agricoles et des exigences sociétales plus larges. Voici un aperçu détaillé des principaux changements.
Un recul des investisseurs purement commerciaux
Les investisseurs commerciaux traditionnels, tels que les fonds de capital-risque, ont réduit leur implication de plus de 40% au cours des 12 derniers mois. Cela a laissé la place aux investisseurs semi-commerciaux et non commerciaux, comme les institutions de financement du développement (DFI) et les investisseurs d'impact. Ces acteurs privilégient désormais des objectifs plus larges et durables, incluant :
L'inclusion des femmes dans les chaînes de valeur agricoles,
La sécurité alimentaire,
La transition écologique, avec une attention particulière à la durabilité des chaînes de production,
Le soutien aux petits exploitants agricoles, en améliorant leurs moyens de subsistance et leur résilience face aux chocs économiques et climatiques.
Cette transition vers des critères socio-économiques reflète une volonté croissante de renforcer l'impact durable des investissements en Afrique.

"Les fonds de capital-risque (ou "venture capital funds") sont des entreprises ou des institutions qui investissent dans des start-ups innovantes à fort potentiel de croissance. Ces fonds prennent généralement des participations en échange d’un financement, avec l’espoir de réaliser un bénéfice significatif lorsque l’entreprise se développe ou est vendue.
Dans le contexte de l’AgriTech, ces fonds ont historiquement joué un rôle important en soutenant les jeunes entreprises à forte composante technologique."
Diversification des instruments financiers
Le paysage financier de l’AgriTech en Afrique évolue vers une plus grande diversification des instruments de financement. Là où les actions représentaient historiquement 80% des investissements totaux, leur part est désormais tombée à 61%, au profit de solutions alternatives telles que :
Obligations (9%),
Titres convertibles (17%),
Financements mixtes (13%).
Ces nouveaux outils permettent d’offrir des financements plus flexibles, adaptés à des entreprises aux besoins variés, qu’il s’agisse de start-ups en phase de croissance ou de projets nécessitant d’importants investissements dans les infrastructures physiques.

"Une obligation est un instrument financier qui permet à une entreprise ou à un gouvernement d’emprunter de l’argent auprès des investisseurs. L’émetteur de l’obligation s'engage à rembourser le montant emprunté à une date future, avec des intérêts réguliers.Dans le secteur AgriTech, les obligations sont utilisées pour lever des fonds sans diluer la propriété des entreprises, contrairement aux actions.
Les titres convertibles sont un type d'investissement hybride. Ils commencent comme une obligation (prêt) mais peuvent être transformés en actions si certaines conditions sont remplies. Ce mécanisme est attrayant pour les investisseurs, car il offre une certaine sécurité tout en permettant de profiter de la croissance de l’entreprise."
Une répartition plus équilibrée des financements
Une baisse de la concentration des financements parmi les leaders du secteur a également été observée. Auparavant, les 5 plus grandes entreprises AgriTech captaient une part disproportionnée des fonds. Aujourd’hui, ces leaders partagent 60% des financements totaux de manière plus équitable, ce qui indique une répartition accrue des opportunités entre un plus grand nombre d’acteurs.
Le rôle crucial de la numérisation
La numérisation reste un levier majeur pour l’attraction des financements, en particulier dans les pays ayant un fort taux d’inclusion numérique, tels que :
Égypte,
Exemple : La plateforme 'ElGora' en Égypte aide les agriculteurs à surveiller leurs cultures grâce à des capteurs IoT et à prendre des décisions basées sur des données en temps réel.
Ghana,
Exemple : 'Farmers' Market' au Ghana permet aux agriculteurs d’acheter des intrants agricoles directement via une application mobile, facilitant l'accès aux marchés.
Kenya,
Exemple : 'Twiga Foods' au Kenya utilise des technologies de numérisation pour connecter directement les producteurs agricoles avec les distributeurs, réduisant les coûts de la chaîne d'approvisionnement.
Nigeria,
Exemple : Le programme 'AgriTech Nigeria' utilise des plateformes numériques pour fournir des services de financement et des outils d’aide à la gestion des fermes agricoles.
Cette adoption numérique a également stimulé l’innovation grâce à des financements supplémentaires dédiés à l’infrastructure publique numérique.
Les investisseurs non commerciaux reconnaissent l’importance de ces initiatives pour développer des solutions AgriTech destinées aux petits exploitants, favorisant une meilleure connectivité et des outils d’aide à la décision.
Changement de cap : une préférence croissante pour les actifs physiques
Les start-ups axées sur des solutions numériques, comme les FinTech agricoles et les plateformes de conseil, perdent de leur attrait pour les investisseurs. À l’inverse, les entreprises dotées de capital basé sur des actifs physiques gagnent en popularité.
Cela inclut :
La robotique agricole
Exemple : La start-up 'AgroTech Robotics' en Afrique du Sud fabrique des robots capables de récolter des fruits à la main, augmentant ainsi l'efficacité des récoltes tout en réduisant le besoin de main-d'œuvre.

Source : CCI South Africa La mécanisation et l’équipement
Exemple : La société 'Danfoss' en Afrique développe des systèmes d’irrigation alimentés par des énergies renouvelables pour améliorer l’efficacité énergétique et garantir une agriculture plus durable.
La logistique
Exemple : 'Sokowatch', en Afrique de l'Est, utilise des technologies logistiques pour faciliter l’approvisionnement des petits exploitants agricoles en matériel et produits agricoles.

Le transport et l’infrastructure d’entreposage.
Alors que ces entreprises ne représentaient que 10% des financements totaux au cours de la dernière décennie, leur part a bondi à 34% au cours des 12 derniers mois. Ce basculement montre que les investisseurs privilégient désormais des solutions tangibles et essentielles pour répondre aux besoins concrets du secteur agricole africain.
Un Impératif de réinvention pour l’AgriTech
L’écosystème AgriTech africain doit se réinventer pour relever les défis des dix prochaines années. Cette mutation nécessite une redéfinition des modèles économiques, une adaptation aux nouvelles attentes des investisseurs, et une meilleure identification des types de financement nécessaires pour garantir un succès à long terme.
Cette transformation est aussi une opportunité unique pour les AgriTech africaines de se positionner comme des leaders mondiaux en matière d’innovation agricole, tout en jouant un rôle clé dans le développement durable et l’amélioration des conditions de vie des communautés rurales.
Conclusion
En somme, l’AgriTech en Afrique est à un tournant décisif, avec un modèle en pleine transformation qui devient plus durable et en phase avec les défis du continent. Ce changement offre une occasion unique de repenser l'agriculture et d'intégrer des solutions technologiques qui répondent aux besoins locaux. Pour les investisseurs comme pour les entreprises, c’est un appel à saisir des opportunités inédites, tout en contribuant à un développement économique et social plus inclusif. L’avenir de l’AgriTech en Afrique réside dans sa capacité à combiner innovation, impact social et durabilité, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère pour l'agriculture du continent.
Source : Ecofin

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